Soif de l'Imam al-Husayn (a) et de ses compagnons à Karbala
Soif de l'Imam al-Husayn (a) et de ses compagnons à Karbala
Question Après le septième jour du mois de Muharram, quelle était la situation de l'eau dans les tentes de l'Imam al-Husayn (a) ?
La soif de l'Imam al-Husayn (a) et de ses compagnons à Karbala est considérée comme l'une des réalités historiques marquantes de cet événement, ayant influencé le déroulement des autres faits. Durant l'événement de Karbala, l'importance de l'eau était telle que les conflits à son sujet commencèrent quelques jours avant Achoura et persistèrent jusqu'à la fin de la bataille. Selon les sources historiques, le blocus de l'eau imposé à la caravane de l’Imam al-Husayn (a) par l'armée d’Ibn Sa‘d fut une stratégie militaire mise en place dès le début des événements de Karbala. Après la privation d'eau imposée par l'armée d’Ibn Sa‘d, l'Imam al-Husayn (a) et ses compagnons tentèrent par divers moyens d'accéder à l'eau : creuser un puits et tenter d'atteindre les rives de l'Euphrate par le combat furent parmi ces tentatives. Les rapports historiques relatifs à l'événement de Karbala mentionnent à plusieurs reprises que l'Imam (a), sa famille et ses compagnons évoquèrent le manque d'eau et la soif, cherchant à y remédier. Des hadiths des Imams infaillibles (a) soulignent également la soif endurée par l'Imam al-Husayn (a), sa famille et ses compagnons durant l'événement d'Achoura.
Statut Dans les sources historiques, la soif de la caravane de l'Imam al-Husayn (a) et la privation d'eau par leurs ennemis sont considérées comme des faits historiques avérés et parmi les aspects cruciaux de cet événement.(((Ibn A‘tham al-Kûfî, Muhammad b. Ali, Al-Futûh, Dâr al-Adwâ’, vol 5, p 92, 1411 H))) Les chercheurs soulignent que le manque d'eau et la soif extrême lors de l'événement de Karbala jouèrent un rôle si déterminant qu'ils influencèrent le cours des autres événements, une grande partie des discussions entre les deux armées ayant porté sur l'accès à l'eau.(((Furûghî, Asghar, Mas’ali Âb dar Karbalâ, Târîkh dar Â’îni Pazhûhish, n 4, p 133, 1382 Sh)))
Lors de l’événement de Karbala, l'eau fut utilisée comme arme militaire par les troupes d’Ibn Sa‘d contre la caravane de l'Imam al-Husayn (a).(((Furûghî, Mas’ali Âb dar Karbalâ, p 134))) L'utilisation stratégique de l'eau par les ennemis de l’islam dans les conflits avait des précédents dans l'histoire islamique, y compris lors de la bataille de Badr(((Ibn al-Athîr, Abu al-Hasan Ali b. Muhammad, Al-Kâmil fi at-Târîkh, Beyrouth, Dâr Sâdir wa Dâr Biyrût, vol 2, p 122, 1385 H))) et de la bataille de Siffiîn.(((Al-Miqarî, Nasr b. Muzâhim, Waq‘at as-Siffîn, Care, Al-Mu’assisa al-‘Arabîyya al-Hadîtha, p 160 – 162, 1382 H))) Durant la tragédie de Karbala, sur ordre d'Ibn Zîyâd, Umar ibn Sa‘d coupa l'accès à l'eau pour l'Imam (a), ses compagnons et sa famille.(((At-Tabarî, Muhammad b. Jarîr, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 4, p 311, 1879))) Mais par contre, auparavant, lors de sa confrontation avec l'armée de Hurr b. Yazîd al-Rîyâhî (l’un des commandants de l’armée d’Ibn Sa‘d), l'Imam al-Husayn (a) avait lui-même offert de l'eau à ses soldats assoiffés.(((At-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 4, p 302)))
Processus historique de la privation d'eau à Karbala D'après les sources historiques, la privation d'accès à l’eau fut dès le début une stratégie militaire ordonnée par Ubaydullâh b. Zîyâd. Dans une lettre adressée à Hurr b. Yazîd ar-Rîyâhî, le commandant de la première armée confrontant la caravane de l'Imam al-Husayn (a), Ibn Zîyâd lui ordonna de harceler l'Imam (a) et de forcer sa caravane à camper dans un désert aride, privé d'eau et de ressources.(((Al-Balâdhurî, Ahmad b. Yahyâ, Jumal min Ansâb al-Ashrâf, Beyrouth, Dâr at-Ta‘âruf li al-Matbû‘ât, vol 3, p 176, 1398 H))) De plus, Shimr b. Dhi al-Jawshan transmit une lettre d'Ibn Zîyâd à Umar b. Sa‘d, dans laquelle Ibn Zîyâd ordonnait à l'armée d'Umar b. Sa‘d, dès réception de la lettre, d'empêcher l'Imam al-Husayn (a) d'accéder à l'Euphrate.(((At-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 4, p 311))) Conformément à cet ordre, Umar b. Sa‘d chargea ‘Amr b. al-Hajjâj az-Zubaydî et 500 cavaliers de bloquer l'accès à l'eau et de surveiller étroitement les rives du fleuve.(((Al-Khârazmî, Muwaffaq b. Ahmad, Maqtal al-Khârazmî, Anwâr al-Hudâ, vol 1, p 347, 1423 H))) Ces instructions furent exécutées trois jours avant Achoura.(((At-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 4, p 312))) Une autre narration rapporte qu’Umar b. Sa‘d, par lettre, ordonna aux troupes de ‘Amr b. al-Hajjâj d'empêcher l'utilisation des puits creusés par l'Imam (a) et ses compagnons pour atteindre l’eau de l’Euphrate. Ibn Sa‘d exigea qu’aucune goutte d'eau de l'Euphrate ne parvienne à la caravane de l'Imam Hussein (a).(((Ibn A‘tham al-Kûfî, Al-Futûh, vol 5, p 91)))
Efforts de l'Imam al-Husayn (a) et de ses compagnons pour obtenir de l'eau Après le blocus de l'eau imposé par l'armée d’Ibn Sa‘d, l'Imam al-Husayn (a) et ses compagnons tentèrent par divers moyens d'accéder à l'eau. Un récit miraculeux rapporte que l'Imam (a) se rendit derrière les tentes des femmes et creusa la terre à environ dix-neuf pas de distance. Une eau douce et pure jaillit alors, dont tous purent boire et remplir leurs outres. Puis l'eau disparut sans laisser de trace.(((Al-Khârazmî, Maqtal al-Khârazmî, vol 1, p 346))) Un autre rapport mentinne que l'Imam (a) et ses compagnons creusèrent des puits pour tenter d'atteindre l'eau.(((Ibn A‘tham al-Kûfî, Al-Futûh, vol 5, p 91))) Parmi les autres tentatives, des groupes de la caravane de l’Imam (a) se rendirent aux rives de l'Euphrate pour affronter les gardes et rapporter de l'eau. Ainsi, Ali al-Akbar (a) parvint une fois avec un groupe de compagnons à atteindre le fleuve et à en ramener de l'eau.(((As-Sadûq, Muhammad b. Ali, Al-Amâlî, Qom, Mu’assisa al-Bi‘tha, p 221, 1417 H))) La veille d'Achoura (Tâsû‘â), sur ordre de l'Imam (a), son frère Abbas (a) et Nâfi‘ b. Hilâl, accompagnés de 30 cavaliers et 20 fantassins, parvinrent après un combat à remplir vingt outres d'eau qu'ils ramenèrent au camp durant la nuit.(((Abû Mikhnaf, Lût b. Yahyâ, Waq‘at at-Taff, Qom, Mu’assisa an-Nashr al-Islâmî, p 191, 1376 Sh))) C'est lors d'une ultime tentative pour rapporter de l'eau que Abbas (a) trouva le martyre.(((Ibn Shahrâshûb, Muhammad b. Ali, Manâqib Âl Abî Tâlib, Nadjaf, Al-Kaydarîyya, vol 3, p 256, 1376 H)))
Pénurie d'eau dans la caravane de l'Imam al-Husayn (a) Dès le début du blocus de l'eau par l'armée d’Ibn Sa‘d, ses soldats s'efforcèrent, dans leurs échanges avec les compagnons de l'Imam al-Husayn (a), de souligner cette privation et de présenter l'eau comme étant hors de leur portée.(((At-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 4, p 312))) Lors des discussions entre les compagnons de l'Imam (a) et les soldats d’Ibn Sa‘d, la situation des femmes et des enfants de la caravane, souffrant de la soif, fut évoquée, et la privation d'eau par l’ennemi fut vivement condamnée.(((Al-Balâdhurî, Ansâf al-Ashrâf, vol 3, p 189))) Plusieurs rapports témoignent de la soif endurée par les femmes et les enfants durant Achoura. Dans un dialogue entre l'Imam al-Husayn (a) et son fils Ali al-Akbar (a), ce dernier se plaint à son père des souffrances causées par la soif après un combat.(((Sayyid b. Tâwûs, Ali b. Mûsâ, Al-Luhûf fî Qatla at-Tufûf, Téhéran, Nashr Jahân, p 113, 1348 Sh))) Le martyr du nourrisson de l'Imam (a), Ali al-Asghar (a), survint après que ce dernier eut demandé en vain à l'armée d’ibn Sa‘d de lui donner de l'eau ; les sources rapportent que l'Imam (a) leur décrivit son enfant se tordant de soif.(((Sayyid b. Tâwûs, Al-Luhûf fî Qatla at-Tufûf, p 169))) Lorsque Abbas (a) demanda à l'Imam al-Husayn (a) la permission de combattre, celui-ci lui demanda d'abord d'apporter de l'eau aux enfants assoiffés.(((Al-Majlisî, Muhammad Bâqir b. Muhammad Taqî, Bihâr al-Anwâr, Beyrouth, Mu’assisa al-Wafâ’, vol 41, p 45, 1403 H))) Les gémissements des enfants assoiffés poussèrent Abbas (a) à chercher de l'eau plutôt qu'à combattre.(((Al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 41, p 45))) Il est également rapporté que l'Imam (a), par la soif durant les combats d'Achoura, voyait le ciel comme de la fumée.(((‘Atârudî, ‘Azîzullâh, Musnad al-Imâm ash-Shahîd, Abî ‘Abd Allâh al-Husayn b. Ali (a), Téhéran, vol 1, p 214, 1376 Sh))) Soif à Karbala selon les paroles des Ahl al-Bayt (a) Les hadiths des Ahl al-Bayt (a) évoquent la soif endurée par l'Imam al-Husayn (a), sa famille et ses compagnons lors de l'événement d'Achoura : 1. Le Prophète Muhammad (s) dit à sa fille Fatima (a) : « Gabriel est venu à moi et m'a annoncé la bonne nouvelle de deux fils qui seront à toi. Puis j'ai été consolé par l'un d'eux, et j'ai su qu'il serait tué, loin de sa patrie, assoiffé. » Alors Fatima se mit à pleurer jusqu'à ce que ses sanglots s'élèvent.(((At-Tabarî, Muhammad b. Jarîr, Dalâ’il al-Imâma, Qom, Mu’assisa al-Bi‘tha, vol 1, p 102))) 2. Lors de la bataille de Siffîn, après qu’al-Husayn (a) eut apporté de l'eau aux soldats de l’armée du Commandeur des croaytns Ali (a) sur ordre de son père, l'Imam Ali (a) pleura en disant : « Je me suis souvenu que mon fils, al-Husayn, serait tué assoiffé sur la terre de Karbala. »(((Al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 44, p 266))) 3. L'Imam as-Sajjâd (a) écrivit de ses doigts bénis sur la tombe de l'Imam al-Husayn (a) : « Ceci est la tombe d’al-Husayn b. Ali b. Abi Talib, qu'ils ont tué assoiffé et loin de sa patrie. »(((Al-Bahbahânî, Muhammad Bâqir b. Abd al-Karîm, Ad-Dam‘at as-Sâbika fî Ahwâl an-Nabî (s) wa al-‘Itrat at-Tâhira, Beyrouth, Matabat al-‘Ulûm al-‘Âmma, vol 5, p 13, 1408 – 1409 H))) 4. L'Imam al-Bâqir (a) déclara : « Al-Husayn (a), le martyr de Karbala, a été tué alors qu'il était opprimé, accablé de chagrin et assoiffé … »(((Ibn Qûlawayh, Ja‘far b. Muhammad, Kâmil az-Zîyârât, Nadjaf, Dâr al-Murtadawîyya, vol 1, p 168, 1356 H))) 5. L'Imam as-Sâdiq (aa) rapporta de son grand-père l'Imam as-Sajjâd (a) qu'il décrivit l'Imam al-Husayn (a) comme celui qui a été tué dans l'état de soif.(((Sayyid b. Tâwûs, Al-Luhûf, p 121))) 6. Dans le texte de Zîyâra d’an-Nâhîya al-Muqaddasa, l'Imam al-Mahdi (a) évoque la privation d'eau et la soif de l'Imam al-Husayn (a).(((Al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 101, p 121)))